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Médiathèque communautaire de Conty
13 avril 2013

No et moi

de Delphine de Vigan

9782709636391

Pourquoi ce livre ?

Parce que du haut de mes 40 ans...j'ai le même ressenti que cette jeune ado face à l'accroissement de la pauvreté dans notre pays... tout aussi choquée de voire des bidonvilles qui ne se contentent pas de s'installer momentanément mais ... perdurent et s'accroîssent aux portes de notre capitale... et dans nos grandes villes... Annie

Pour vous mettre l'eau à la bouche :

Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies.
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde.
A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence.
No, privée d’amour, rebelle, sauvage.
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.

Roman d’apprentissage, No et moi est un rêve d’adolescence soumis à l’épreuve du réel. Un regard d’enfant précoce, naïf et lucide, posé sur la misère du monde. Un regard de petite fille grandie trop vite, sombre et fantaisiste.Un regard sur ce qui nous porte et ce qui nous manque, à jamais.

Dans No et moi, Delphine de Vigan nous plonge avec brio dans les la peau de Lou, une lycéenne surdouée de treize ans en pleine révolution existentielle. Sa révolution à elle ? La rencontre dans une gare parisienne de No, une jeune SDF malmenée par l’existence, et de Lucas, un bad boy du lycée au cœur tendre en délicatesse avec sa famille…
Présentation de No et Moi par Delphine de Vigan elle-même, qui signe avec ce quatrième roman un impeccable roman d’apprentissage sur l’amitié, l’amour, l’utopie sociale et l’inexorable violence du réel (source : www.fnac.com) :

Fnac.com : Au-delà de la rudesse de votre sujet, on sent chez vous une grande joie de l’écriture.
Delphine de Vigan :
Ça me fait plaisir que vous me disiez ça. J’ai beaucoup de plaisir à écrire, en effet, je m’attache beaucoup à la musique de la langue. J’aime me relire à voix haute, chercher la musique juste, trouver les bons mots. L’écriture est pour moi avant tout un plaisir, même s’il y a des moments plus compliqués à appréhender quand on écrit.

No et moi : moi, ici, est en deuxième position… Est-ce un hasard ? L’Autre doit passer avant Soi ?
Oui et non. Les bonnes manières veulent qu’on mette toujours le moi après... Lou étant une petite fille bien élevée, moi, c’est-à-dire elle, vient ainsi après No. D’un autre côté, comme vous le suggérez, faire passer l’autre en premier, ça peut être une ligne de vie. Mais je n’ai pas vraiment penser à ça pour le titre.

Lou Bertignac, c’est un drôle de nom pour une drôle d’héroïne…
Oui… On ne sait jamais très bien d’où viennent le nom des personnages. Lou, c’était un petit clin d’œil au pseudonyme que j’avais adopté pour mon premier roman – un livre qui parle également de l’adolescence et des difficultés à grandir. Pour ce qui est du nom de famille, Bertignac, je trouvais que ça sonnait bien, et puis je trouvais drôle que Lou ait pu faire croire à un moment de sa vie qu’elle était la fille du chanteur éponyme !

Pour Lou, la jeune lycéenne à l’intelligence précoce, l’école, c’est entre les murs du lycée mais aussi… en dehors. Par exemple dans les gares !
Lou est une petite fille dont la vie, l’univers, repose sur tout un faisceau d’expériences diverses, dont certaines très farfelues, très fantaisistes. Finalement, l’école, c’est quelque chose d’assez facile pour elle – elle excelle dans toutes les disciplines qui composent sa vie scolaire… Et au-delà de l’école, il y a tout un champ d’expérimentations qui l’attend... Lou aime ainsi beaucoup aller dans les gares. La gare, c’est une espèce de théâtre, un lieu d’émotion intense et diverse. C’est à la Gare d’Austerlitz qu’elle va croiser No pour la première fois.

Lou bénéficie d’un QI de 160… et d’une intelligence humaine, sensible, remarquable. Elle est donc deux fois intelligentes !
On peut dire ça. En tout cas, elle se situe dans cette phase de l’adolescence où s’accélère l’apprentissage de la vie. Donc, finalement, peu importe son QI, qu’elle vit davantage comme un handicap que comme une chance, puisque ce QI l’isole du monde et des autres. Car ce qui compte vraiment pour Lou, c’est sa difficulté à être au monde, sa difficulté à être parmi les autres, ce sentiment de décalage perpétuel par rapport aux autres... Le grand apprentissage, ici, c’est bien celui de la vie. Et Lou est plutôt bien armée pour ça, car c’est une petite fille plutôt gentille et ouverte aux autres.

Ce livre, faut-il le lire comme un conte cruel ou comme un roman d’apprentissage ?
Un peu les deux, et c’est vrai que j’ai un peu oscillé entre ces deux angles au cours de l’écriture. Un roman d’apprentissage, c’est sûr, car je voulais vraiment que cette mise à l’épreuve du tempérament utopique de Lou soit au cœur du livre, et un contre cruel, oui, car souvent la réalité a le dernier mot, ce qui est la cas ici.

Le premier apprentissage ici concerne la découverte de l’Autre et de sa détresse à travers le personnage de NO, jeune fille SDF… « No », un nom bien nihiliste quand même !
Tout à fait, c’est fait pour ! En fait, je suis parti du mot No… et j’ai cherché de quel prénom No pouvait être le diminutif. No est ainsi devenu Nolwenn. C’est un personnage né d’un viol, dont toute l’existence a été niée depuis le départ. Elle est a été rejetée par sa mère et sa vie n’a été qu’une successions de départs, de déplacements, de changements, de ruptures, etc. No signifie à la fois la négation et bien sûr la difficulté d’avoir un avenir quand on a connu de telles difficultés.

Le second apprentissage est d’ordre sentimental, à travers la figure de Lucas, le rebelle…
Oui ! Lucas intervient dans le livre comme une figure idéalisée – il a deux ans de retard, c’est le rebelle de la classe, le beau ténébreux – il a un côté complètement fantasmé, puisqu’il est vu à travers ses yeux à elle. Là où les deux personnages se rejoignent, c’est que Lucas est aussi un jeune homme un peu à l’abandon, livré à lui-même dans un appartement parisien.

Lou bénéficie également en pointillé d’un apprentissage d’ordre intellectuel, avec la fréquentation des cours de monsieur Marin, professeur qui à la fin du roman procède à un don symboliquement très fort – le don d’un livre à son élève chérie.
Monsieur Marin un personnage que j’aime bien, qui est arrivé assez tard dans l’écriture puisque j’avais écrit une première version du roman où il n’existait pas. C’est un personnage tout en nuance, un professeur à la fois très rigide, un peu dur, parfois même injuste… Je me suis rendu compte que non seulement il fallait qu’il existe mais que toutes les scènes de classe où il apparaît structurent le récit. Lui n’est ni blanc ni noir, c’est surtout un passionné, quelqu’un doté d’une grande chaleur humaine. Ce don du livre à la fin est effectivement important. Il m’a été inspiré par une chanson très peu connue de Michel Jonasz, « Le petit chausson aux pommes » : un matin, un enfant arrive à l’école, et son instituteur lui offre un chausson aux pommes… C’est une chanson très simple et très intense en émotion.

Vous avez déjà écrit sur l’adolescence. Est-ce une volonté de toucher les jeunes lecteurs ?
Sincèrement, non. J’écris depuis et à partir de mon adolescence. Mon écriture part de là, ce qui ne m’empêche pas d’observer les adolescents d’aujourd’hui et ce qui m’entoure, comme beaucoup de romanciers j’imagine... J’ai également une petite fille qui n’est pas loin d’avoir l’âge de l’héroïne… Mais encore une fois mon écriture part de la toute jeune fille que j’ai été, même si ce livre est n’a rien d’autobiographique. Ça m’intéresse en tout cas beaucoup de confronter mon regard personnel, romanesque, à une lecture adolescente à laquelle je ne destinais pas spécifiquement ce livre. Si ce texte trouve un écho chez les adolescents d’aujourd’hui, c’est le plus grand des cadeaux qui puissent m’être fait.

 

 

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